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Lettre ouverte à Delphine Horvilleur

Madame,

Votre lumineuse intelligence du cœur et votre opiniâtreté à chercher les compromis et à favoriser les alliances sans discrimination, est sans aucun doute un facteur de réconciliation entre les communautés. Comme beaucoup de nos concitoyens, vous avez toute mon admiration.

 Mais force est de constater que quelle que soit la puissance qui vous habite, elle est impuissante à panser les plaies des tensions spirituelles intercommunautaires qui nous déchirent en ces temps de conflit.

Pourtant, qui mieux que vous femme et Rabbin, peut contribuer à rompre le maléfice et extirper ce dibouk qui s’est installé dans notre idéologie post guerre mondiale et qui enferme les communautés juives dans une complicité passive ? C'est l'éteignoir du masculin sur le féminin qui entretient et amplifie la violence. Aucun changement ne se fait sans le féminin. Aucune révolution n'a eu lieu sans que les femmes dépossèdent les hommes de leur légitimité autoproclamée a décidé tout seul.

Comment penser la violence qui nous détruit ? Au moment des massacres de sabra à Chatila, (un massacre perpétré par les milices phalangistes libanaises sous la protection de l'armée israélienne) je vivais dans un quartier juif de Paris. En voulant partager ma douleur avec certains membres de la communauté sur ce qui m'avait choqué, je me suis entendu dire « nous on a jamais tué 6 millions alors on a de la marge ». Quel Rabbin? Quel juif intègre pourrait me dire qu'une telle attitude est une attitude compatible avec la religion juive ?

Cette comptabilité cynique  est-elle digne d'un homme intègre honnête doté d'un minimum d’ethique ? peut on échanger des vies et des terres en paiement d’une dette ?

L'Occident a voulu se débarrasser d'un problème en envoyant les Juifs en terre de Palestine. Ce fut un moyen d'évacuer un problème et de ne plus se sentir dans la culpabilité de ne pas avoir vu venir la Shoah. Comme si le fait de prendre de force sa terre au peuple  Palestinien soldait la dette des Occidentaux par rapport a la shoah.

Comme si les juifs, victimes expiatoires d'un monde capitaliste en fusion  pouvaient être vengés en dépossédant de sa terre un peuple qui n’avait rien à voir avec le conflit qui agitait l'Europe. 

Le sionisme est un monstre né de l'indifférence coupable et de la volonté d'évacuer un problème. Un monstre qui justifiait son action par un désir de vengeance.

 

 

 

 

 

 

 C’est ce monstre-là qui a engendré d'autres monstres comme le Hamas ou des personnages comme Meyer Habib. Est-ce se comporter en juif que de traiter les Palestiniens d'animaux ? Est-ce faire preuve d’une clarté spirituelle digne de cette religion juive que de continuer à assimiler le sionisme à la communauté juive et à sa spiritualité ?

Le psychologue américain Milgram avait bien démonté ce mécanisme qui fabrique des criminels ordinaires : L’expérience de Milgram a permis de mettre en évidence les mécanismes psychologiques qui permettent de comprendre la complicité active et passive des Allemands pendant la guerre. Ces mêmes mécanismes qui permettent de comprendre la complicité passive et active de la majorité des membres de la communauté. Cette expérience de Milgram a été mise en scène dans un faux jeu télévisé qui fait frémir à regarder : le jeu de la mort.

Quel juif intègre peut reconnaître dans les pratiques sionistes depuis 70 ans quelque chose en accord avec les commandements qui le guident ? 

Qui peut encore voir en Israël un État juif ? Le projet sioniste de créer une terre juive laisse entendre qu'il pourrait y avoir une terre juive. Il infère aussi qu'à partir du moment où les Juifs ont une terre d’asile ils sont dans une alternative implicite autant qu’irrationnelle : 

  • Soit abandonner leur identité juive en restant dans leur pays d'origine 
  • Soit d'aller en Israël.

Cette “solution finale” est une manière tout aussi mortifère et illusoire de tenter de régler la question juive que toutes les tentatives qui ont pu avoir lieu de régler cette fameuse “question juive”. Cette manière de mettre les Juifs en Terre n'a pas plus évacué la question juive. Etre juif ce n’est pas faire partie d'un peuple mais appartenir à une communauté qui trouve sa place dans un peuple. La réalité nous montre que, ni les chambres à gaz, ni le renvoie de la judeité à la terre n'a permis de régler la question juive. Pas plus qu’une chambre à ghaza ne soldera le problème palestinien.

Comme la plupart des communautés spirituelles, la communauté juive a comme fonction de contribuer à la régulation du système politique auquel elle appartient, à partir de sa place avec son éthique.

 

 

 

 

 

Sortir de la confusion 

N’est-ce pas le moment de sortir de l'illusion sioniste et de reconnaître en l'état d'Israël un monstre né d’une illusion. Quel juif intègre peut voir dans Israël et ce qui s’y passe, un état juif ?

Bien entendu les actes du Hamas constituent des crimes et sont à ce titre condamnables. Bien sûr que le Hamas est un monstre. Le Hamas est démoniaque dans le sens grec de Daemon la violence destructrice qui crée une brèche dans la double contrainte dans laquelle sont enfermés les palestiniens et qui est un geste de désespoir pour sortir de la paralysie et relancer le mouvement. Toutes les résistances ont engendré des monstres. La résistance française de la dernière guerre a aussi produit des monstres qui sont partis terroriser l'Algérie. 

Et en même temps on peut voir dans l'acte du Hamas un acte désespéré d'un peuple pris dans des paradoxes sans solutions et qui n'a trouvé que ce moyen pour que l'on cesse de détourner le regard, qu’on tempère et qu’on nie. Un peu comme un enfant qui ne trouverait que dans le suicide la porte de sortie des doubles contraintes dans lequel il est enfermé.

Si la communauté internationale avait mis autant d'ardeur dans son indignation face aux crimes colonialistes de l'apartheid sioniste sûrement qu'aujourd'hui nous n'aurions pas à nous indigner des crimes du Hamas.

 

Si mes souvenirs de lecture de Shlomo Sand sont bons, il me semble que deux autres tentatives de créer un État juif ont rapidement échoué. Si celle-ci a perduré c'est grâce à la complicité active de la communauté internationale (et accessoirement les dollars américains). L'échec de ce projet illusoire est d'autant plus violent son écroulement d’autant plus destructeur qu'il a été maintenu de force.Les errances du sionisme de l’islamisme comme de l’inquisition en son temps pourraient inciter les communautés religieuses  à réfléchir  au risque de tyrannie que l’on prend à vouloir faire un modèle social d’une pratique religieuse de grandissement individuel. les pratiques religieuses destinées à aider l’individu à naître à son humanité se sont toujours transformées en tyrannie quand on a voulu en faire un modèle social. C’est le même glissement qu’on a pu voir dans le passage du christianisme à l’inquisition ou du marxisme au communisme: la transformation d’un modèle de connaissance de la société en un modèle d’organisation de la société, un outil de contrôle social conduit irrémédiablement à la tyrannie..

Aucune religion n’est condamnable dans ses fondements ce qui est condamnable c’est de céder à l’illusion qu’elle puisse constituer un modèle social. De la faire passer de sa mission de faire grandir l’individu à une mission de contrôle social.

On vérifie une fois de plus ce que l'on savait avec Daesh et l’état islamique : toute tentative de créer un état religieux conduit à la tyrannie. C'est étonnant que le monde occidental qui a fait sa révolution et instauré la laïcité comme modèle, trouve le moyen de justifier un état religieux comme “l’état juif”. Comme si on avait oublié toutes les tentatives illusoires de fonder une vie collective sur des principes religieux ! 

 

On peut rester perplexe de la rapidité et la force de la réaction du monde occidental face à  l’état islamique et l'aveuglement dans lequel le monde occidental se trouve avec un autre État se disant religieux qui est l'état sioniste.

On peut s'étonner de voir l'État français punir comme des actes antisémites des actes de défense des Palestiniens. On peut être effondré par un président de la république conseillé par d’ardents défenseurs du sionisme déclarer que l’antisionisme est une forme cachée de l’antisémitisme. C’est nier ce combat permanent de millions de juifs contre le sioniste depuis déjà Balfour et Théodore Herzl.

N’y a-t-il pas une contradiction à défendre l’idée que les Palestiniens doivent être traités comme des humains tout en contribuant à maintenir cet amalgame entre sionisme et judaïsme, entre antisionisme et antisémitisme ? 

Cet amalgame dont sont complices les communautés juives du monde et qui continue à entretenir un état criminel qui se cache sous le prétexte d’une judéité pas plus juive que l’inquisition n’était chrétienne ou que l’état islamique n’est musulman. C’est la même confusion qui conduit à des crimes antisémites perpétrés par des ignorants criminels qui se servent de cet amalgame pour justifier leur haine des juifs. On peut trouver paradoxal qu’au moindre attentat coloré islamiste on demande aux musulmans d’affirmer leur opposition a ces mouvements de s’en désolidariser et  qu’en même temps depuis 70 ans, les crimes sionistes sont perpétuellement justifiés par le martyre de la Shoah. Pourtant le statut de victime ne se transmet pas en héritage et les crimes des enfants ne se justifient pas par la souffrance des parents. Pourquoi on n’a jamais demandé aux juifs de se désolidariser des crimes sionistes. On peut se demander si ce refus de clarifier cette confusion n’engendre pas une certaine  alliance objective entre les sionistes et les antisémites.

 

Tout porte à croire aujourd’hui que le Hamas est un produit du sionisme. 

On peut raisonnablement faire l’hypothèse que si personne n’avait essayé de coloniser cette terre de Palestine, ce mouvement criminel n’aurait jamais existé. Comme Ben Laden et le commandant Massoud à leur époque, ce sont des produits des puissances pour diviser les peuples et affaiblir les adversaires. Tout porte à penser que laisser exister le Hamas a été une stratégie d’affaiblissement de l’autorité palestinienne. Mais comme on l’a vu le 11 septembre, il arrive que ces bombes explosent à la figure de ceux qui les ont amorcées.

La distinction entre antisémitisme et antisionisme ne peut que reposer sur une désolidarisation des crimes sionistes de la part de l'État français et des communautés juives. On peut se contenter de dénoncer le gouvernement actuel en Israël. Mais s’en prendre au gouvernement israélien actuel, est encore une forme de déni de réalité, une manière de botter en touche. Accuser le gouvernement israélien est une fuite de ses responsabilités. Le gouvernement Israélien est à l'image du projet sioniste : fruit de L'enfer des bonnes intentions et des illusions. 

 

 

 

Poser le problème comme étant une question de gouvernement, comme s'il suffisait de changer le gouvernement pour revenir à une situation normale, est une illusion.  En fait la situation n'est pas normale depuis 1948.

 Si l'on reste dans la rigueur des mots et qu’on part de la définition de la notion de peuple, on va rapidement aboutir à l'idée que les Palestiniens sont un peuple constitué de communautés diverses comme tous les autres peuples parmi lesquels des communautés juives. Comme le dit si bien Shlomo Sand, le peuple juif est “une invention”. il n'y a pas de peuple juif,  il y a des communautés juives intégrées à des peuples. On ne peut qu'être critique par rapport  au slogan militant “une terre sans peuple pour un peuple sans terre” qui apparaît aujourd’hui comme une escroquerie intellectuelle. Une escroquerie intellectuelle qui a bien arrangé tout le monde pour se débarrasser d’une population et de la culpabilité de ne pas avoir vu venir la shoah.

Ce n’est pas le gouvernement israélien qui est en cause ,C’est le projet sioniste. Le gouvernement israélien est son serviteur qui l'a conduit au bout de sa logique.

Comment continuer à cautionner les crimes perpétrés au nom du judaïsme ?

Quand on écoute ce gouvernement israélien belliciste parler comme il parle, on se demande si c'est L'usage de la langue hébreu qu'on avait imaginé au début du reve sioniste. Quand on voit les images de ces soit-disant juifs chasser les bédouins de leur terre à coup de fusil on se demande ce que c'est qu'être juif?  Jusqu'où peut-on revendiquer et accepter la diversité dans les pratiques religieuses ?

Les crimes du Hamas sont l’écho de la violence qu’a accompagné depuis 70 la construction de cet illusion qu’est un état juif.

À l'examen final de ses actions, le sionisme aura sûrement un 0/10 aux tables de la loi. 

Peut-on parler d’état de droit quand il s’est construit sur des crimes de guerre ? Soutenir le droit d'Israël à défendre les territoires colonisés par la violence c’est justifier le colonialisme et l’apartheid. 

Le crime de ce mouvement terroriste qu’est le Hamas est un geste de violence que la communauté palestinienne s’inflige a elle-même, contre son plein gré, comme un enfant peut se mutiler quand il est rendu fou, pris  dans des doubles contraintes et des paradoxes sans solution. Comme un dernier sursaut avant la mort.

Le peuple palestinien est pris dans plusieurs double-contraintes que nous portons tous et que votre amour du prochain et votre alliance symbolique avec des imams et ne peuvent plus tempérer et dont nous ne pouvons plus sursoir à sa résolution.

On peut espérer que ces crimes du Hamas, comme les cavaliers de l’apocalypse, annoncent la fin de l’illusion et la mort du sionisme comme alibi colonialiste.

Je comprends votre recherche de consensus face à l’ampleur de la contradiction dans laquelle se trouvent les communautés juives. Appeler à la fraternité c'est une intention généreuse mais qui ne solde pas la tension.  Faire plus de la même chose en continuant de prôner la fraternité ne permet pas de sortir du paradoxe. Peut-être même contribue-t-elle à y rester ?

Votre relation privilégiée avec les représentants de l'islam laisse entendre que la question qui se pose là est une question religieuse. Mais en fait, à part dans la tête des ignorants criminels qui se servent de ces religions comme alibi pour avoir des comportements d'assassin, le problème n'est pas d'opposition religieuse. Chercher l’alliance avec les représentants de la communauté musulmane ne fait que renforcer l’amalgame entre la dimension politique du problème et son habillage religieux entretenu par ceux qui prônent la violence entre les communautés.

Alors qui mieux qu’une femme Rabbin peut souffler dans le choffar qui sortira le monde de cette hypnose collective. Souffler dans le choffar pour faire ce bruit infernal qui oblige à cesser de détourner le regard et à regarder la réalité en face. 

Qui mieux qu’une femme pourrait initier, porter et accompagner la conscience de l’inéluctable fin de l’illusion sioniste. Écouter Meyer Habib ou Netanyahou et les imaginer juifs ? improbable si on professe par ailleurs l’image d’éloim est incompatible avec le fait de verser le sang (Chapitre 9 de la genèse)

Le sionisme n’a rien de juif comme l’affirment depuis un siècle beaucoup de religieux intègres (et pas intégristes) qui ne sont jamais tombés dans l’illusion sioniste d’une terre juive. Comment se penser juif et soutenir la colonisation d’une terre déjà occupée par un peuple, par groupe communautaire qui n’est pas un peuple et qui n’a à ce titre jamais eu à avoir une terre. Avoir une terre conduit leur judéité à etre enterrée. Comme toutes les spiritualités la spiritualité juive a sa raison d’etre en accompagnement d’une société. A devenir un modèle social elle se transforme vite en une tyrannie sanglante.

Une terre pour les juifs est un tombeau pour la judéité de ceux qui s’y enterrent.

La terre des juifs c’est le ciel, l’esprit, la connaissance.

Qui mieux qu’une femme rabbin pourra semer ces doutes salutaires dans la vraie terre des juifs qui est la terre de l’esprit, la conscience ?

Comme le dit Catherine Chalier il y a un lien entre l’absence ou le déni du féminin et la violence entre les hommes.

Continuer à regarder ailleurs en cherchant l’alliance avec l’islam qui n’a pas grand-chose à voir avec la question, ne nous permet pas de sortir des contradictions. Continuer à pardonner à des criminels ne nous aidera pas à nous pardonner l’aveuglement dont a fait preuve le monde occidental par rapport à la Shoah. On a essayé sans succès depuis 70 ans. La culpabilité du monde occidental ne s’exorcisera pas par l’assassinat d’un peuple ; et l’antisémitisme n’a pas diminué dans le monde pour autant. 

Comme à chaque fois que des mouvements tyranniques ont exercé leur violence contre un peuple il a fallu qu’ils rendent des comptes et il faudra bien qu’à un moment la tyrannie sioniste rende des comptes. Même si encore une fois le sionisme est responsable de ses crimes, c’est l’ensemble des communautés internationales politiques comme religieuses qui sont coupables d’aveuglement et de complicité passive. 

L'an prochain Nuremberg ?  

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