Ré-instituer la solidarité effective

Si les paysans d’avant la mécanisation étaient solidaires c’est parce que c’était une question de survie pour tous. Donner la main au voisin pour survivre était une nécessité. La solidarité effective était la règle, parce qu’ils n’avaient pas le choix. Une fois que les paysans ont eu la possibilité d’avoir chacun leur machines il n’a plus été question de solidarité ni de faire communauté. Maintenant les paysans sont devenu des agriculteurs et ils n’ont plus trop le temps de donner la main, tout occupé qu’ils sont s’occuper de leurs affaires pour rembourser les crédits contracté pour leurs machines.

La solidarité effective est une démarche contre-intuitive qui ne perdure que sous contrainte. Si on peut faire autrement on a rarement tendance à être solidaire pour la beauté du geste.

La solidarité effective s’oppose à la solidarité financiarisée dans la mesure ou dans les démarches de solidarité effective il y a un engagement des personnes sans relation économique qui n’interdit pas une relation « commerciale » d’échange ou de troc de force de travail. Mais c’est un engagement des personnes qui ne se réfugient pas derrière le professionnalisme des sociétés qui financiarisent cette relation d’aide. Dans les cas de séisme, c’est d’abord la solidarité effective qui joue dans la façon dont on déblaye à la main dont on partage la nourriture et les abris. Cette solidarité effective s’oppose à la solidarité financiarisée qui est par exemple celle que le gouvernement américain a mis en place lors des inondations de la nouvelle Orléans ou, plutôt que de déplacer des secours, a choisi de distribuer des cartes bancaires pré-chargées d’une somme déterminée qu’il a fait distribuer aux populations. Une somme que chacun a pu utiliser à son avantage sans avoir besoin que son voisin se préoccupe de lui.

Plus généralement au niveau des états, la richesse de nos moyens techniques a rendu la solidarité effective inutile. La société capitaliste choisit de financiariser la solidarité pour pouvoir comme le dit Chomsky[1] « socialiser les risques et privatiser les profits ». Le marché des ehpad, les soins et des mutuels sont devenus un marché profitable.

Plus que de favoriser l’engagement santé par la pratique du sport on multiplie les opportunités de financiariser la santé pour le plus grand profit des possédants de la santé (cliniques groupes pharmaceutique). Plutot que de faire travailler les plus jeunes et les moins insérés socialement dans le secteur agricole qui aurait besoin de beaucoup de main d’œuvre pour les vendanges ou l’entretien des cultures en bio, on préfère utiliser des produits « phyto insanitaire » pour le plus grand profit des groupes d’agrochimie pour qui s’applique particulièrement la remarque de Chomsky sur le partage inéquitable des couts et des profits.

La conséquence de cette financiarisation de la solidarité a été entre autre chose une réelle augmentation du cout des actions de solidarité. Sa privatisation risque de ne pas arranger les choses. On voit aujourd’hui avec le vieillissement de la population à quel point ce choix politique rend difficilement durable ce modèle de financiarisation de la solidarité.

La solidarité effective qui ne passe pas par l’argent et doit être ré-instituée

On voit dans ce projet ressurgir la peur fantasmatique des corvées que les serfs devaient au seigneur.

Mais rien n’empêche de valoriser virtuellement ces activités de solidarité au travers d’une crypto-monnaie légale qui ne pourrait avoir comme contre-valeur une action correspondante et pas de l’argent

Cela n’empêche en rien le bénévolat et l’engagement volontaire.

Mais il s’agit de créer les conditions pour que l’ensemble de la population puisse être engagé dans le service du bien commun. C’est ce qui existe en germe dans le service civil et qui mériterait de connaître un essor grandissant.

Dans une certaine mesure c’est l’hégémonie du modèle de financiarisation de l’activité qui est responsable de l’échec des 35 h en France. IL est certain que les technologies vont nous amené à réduire drastiquement le temps de travail. Mais notre conception actuelle du travail et de sa valeur produit de l’inégalité au lieu de la réduire.

La solidarité effective est une ressource qui pourrait contribuer à réduire les inégalités et à créer de l’activité qui pourrait réduire les factures sociales que les technologies ne font qu’agrandir.

[1]Chomsky : Un principe de base d’un état capitaliste moderne est socialiser les couts et les risques en meme temps qu’il privatise les profits.