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Chasteté et pédophilie dans l’église.

Chasteté et pédophilie dans l’église.

Le pédo-harcèlement[1]dans l’église catholique repose en partie sur un quiproquo à propos de la chasteté.

 

L’église catholique romaine exige le célibat de ses serviteurs comme préalable à leur engagement.

Cette exigence ressort d’une incompréhension du message originel tel qu’on le retrouve dans la plupart des démarches spirituelles du monde dans le rapport du serviteur à sa sexualité.

Rares sont les démarches spirituelles qui imposent à ceux qui sont au service de la spiritualité chasteté et abstinence. 

Certes, il est difficile de se tourner vers une démarche spirituelle si l’on est prisonnier de ses pulsions sexuelles et des enjeux de séduction sexuelle. Il faut souvent choisir entre méditer et accompagner les autres ou aller draguer en boite de nuit et se saouler. C’est juste une question de savoir là où on met cette énergie. 

Eros et Agapé ne font pas facilement bon ménage. Leur cohabitation repose sur un travail d’accommodation ou chacun doit apprendre à respecter l’autre. Mais c’est pourtant le projet de grandissement plus ou moins conscient de tout un chacun. 

En imposant le célibat à ses serviteurs, l’église laisse venir à elle les plus immatures. Ceux  qui peuvent trouver dans cette position sociale confortable une posture qui leur permet d’éviter l’engagement dans une relation à l’autre. Les prêtres pédo-harceleurs sont d’abord et avant tout des être sexuellement  et surtout affectivement très immature. N’ayant pas eu à accomplir la mission primale de tout être vivant (se reproduire), ils en reste au stade d’être en devenir, inaccompli jusqu’au moment  d’être obsolète.

C’est à ce titre qu’ils peuvent être séduit par l’illusion du célibat comme moyen de contourner le problème de la relation à l’autre en évitant la confrontation.

L’idée qu’il faille contrôler ses pulsions, savoir les sublimer pour être capable de servir ( dieu, la culture la nature la vie le monde son projet de vie ou quelque soit le nom qu’on donne à l’incarnation de sa raison d’etre) est une réalité incontournable. Celui qui est pris dans un jeu de satisfaction permanente de ses désirs charnels a généralement peu de temps et d’attention à consacrer à autre chose. 

L’erreur de l’église romaine est d’en avoir fait un parcours héroïque. Ce sera à celui qui sera le plus capable de souffrir dans sa frustration. Une relation sadomasochiste dans le non-faire. C’est cinquante nuances de gris dans le le non engagement.

Mais ce n’est pas cela qui permettra au prêtre de dépasser cette question de la sexualité.

Ce que nous disent les plus grandes traditions dans ce domaine c’est qu’on peut difficilement engager une démarche de grandissement personnelle si on a pas dépassé un minimum ses désirs. Les dépasser c’est d’abord y passer. Y passer c’est se donner l’opportunité d’apprendre à les gérer. Gouter à tous les plaisirs de la vie et savoir en sortir. Combien de saint, sages, éveillés ou quelque soit le nom qu’on leur donne, comme par exemple le père De Foucault ont suivi ce chemin. Y passer c’est prendre le risque de l’autre. C’est l’opportunité d’apprendre à gérer ses relations à soi et aux autres. C’est l’occasion de l’élaboration d’un Surmoi adulte qui nous permet de nous respecter dans nos désirs en respectant les autres et sans se mettre en danger. 

Le désir de la relation du pretre avec un enfant montre à quel niveau il en est de sa sexualité. C’est différent du prêtre qui se défroque parce qu’il est amoureux d’une femme ou d’un homme.

Comme pour tous les agresseurs sexuels le prêtre pédo-harceleur manifeste son immaturité de l’élaboration de son surmoi et son incapacité à gérer le rapport à ses pulsions. Ne pas s’être confronté au réel de la relation humaine ne lui a pas permis de négocier ses désirs avec les demandes sociales de les contenir et de les détourner. Son immaturité ne lui laisse que le choix de l’alternative entre la frustration et le passage à l’acte violent. Il est doté d’un surmoi binaire qui fonctionne en « tout ou rien ».

Devenir mature c’est apprendre à construire un moi structuré par une culture, des pratiques sociales qui offrent des alternatives à l’expression de ses pulsions par l’art ou par un autre moyen qui peut être le sport la prière ou tous les cadres de contrainte ayant une fonction structurante. C’est un moyen de diversifier les sources de sublimation et d’en trouver des satisfaisantes. Le fait de s’être expérimenté à détourner son énergie sexuelle dans des pratiques sociales produit une forme de maturation affective, émotionnelle qui permet de trouver d’autres sources de plaisir que la relation avec d’autres être immature comme peuvent l’être les enfants. En réalité le pédo-harceleur trouve dans l’immaturité de l’enfant un reflet de sa propre immaturité. Quelqu’un avec qui il peut éviter de se confronter à une relation à un adulte. Une relation adulte est souvent plus exigeante, moins simple et dans une telle relation son immaturité ne lui permettra pas d’être en position de pouvoir. Une position de pouvoir qui conditionne sa puissance sexuelle dans la relation. Comme souvent pour les hommes c’est dans l’illusion qu’il a le pouvoir sur la relation que peut s’exprimer sa puissance, sa virilité.

 

Dépasser les pulsions pour qu’elles ne nous déterminent plus.

 

La question n’est pas de s’abstenir de pratiques sexuelles mais plutôt d’en dépasser les enjeux sexuels.

Il vaut mieux en avoir fini autant que possible avec la violence du désir qui agite les humains quand ils sont immatures en ce qui concerne la sexualité pour pouvoir être attentif aux autres. Tant qu’on est pris dans ses désirs personnels il y a toutes les chances qu’on les projette sur les autres. C’est ce que savent bien les équivalents  laïcs du prêtre que sont les psychothérapeutes. Le travail sur ses désirs et ses projections est une préoccupation permanente dans le travail de supervision[2].

L’abstinence ne solde pas le désir. Elle le nie, elle l’enferme dans une souffrance jusqu’à une éventuelle décompensation.

L’enfant est l’objet idéal de cette décompensation. Il est le réservoir idéal de la pulsion sexuelle par son attitude soumise, non-jugeante,  souvent admirative de l’adulte, dans le secret d’une relation cachée sans témoins, l’enfant permet que s’exprime le désir refoulé du pédo-harceleur.

A cause de son immaturité affective, le désir d’être aimé du prêtre se confond avec son désir sexuel. Le désir frustré est un débiteur patient : Il a tout son temps pour demander son dû : être satisfait.

 

Il y a deux places au pilori

 

Comme les agresseurs sexuels, et notamment ceux mis à l’index par le mouvement « balance ton porc », le prêtre pédo-harceleur, ce policier qui dit à une fille venant porter plainte pour viol : « je ne prends pas votre plainte vous allez foutre en l’air la vie de ce garçon », cette famille d’accueil qui rit sous cape en regardant le père tripoter la petite sont le bouc émissaire d’une société qui « savait-mais-préférait-ne-rien-dire » parce que les fautifs étaient détenteurs du pouvoir spirituel ou économique ou pour ne pas faire de vague. Un bouc émissaire coupable certes mais un bouc émissaire quand même qui nous alerte sur nos aveuglements involontaires et nos paresses collectives à lutter contre nos tendances indignes.

Qu’il soit nécessaire de nettoyer les écuries d’Augias que sont les instances du pouvoir spirituel et économique cela ne fait pas de doute. Mais il y a deux places au pilori : une pour celui qui a harcelé et une pour celui qui s’est tu. Que la société qui a osé dénoncer le problème leur jette la première pierre.

 

 

 

 

[1]Je préfère pédo harcèlement à pédophile dans la mesure ou pédophile laisse entendre que la personne aime les enfants. Ce qui n’est pas le cas de nos pédo-harceleurs. Ou alors ils les aiment très mal !

 

[2]On pourrait s’offusquer de cette comparaison entre prêtre et psychothérapeute. Mais la confusion dans leur étymologie nous conforte dans cette assimilation. L’étymologie de thérapeute c’est « qui sert dieu » (théos=dieu) et curé trouve son origine dans le mot latin curarer : soigner. 

Comme le disait le Lama Teundroup dans une de ses conférences : Pour remplir de telles fonctions il faut être « normalement névrosé » 

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